Présentation

Musique aux dimensions spectaculaires, Desert Music est née toutefois d'une réflexion intime de Steve Reich, inspirée par trois lieux désertiques hautement symboliques : le Sinaï, le Mojave de Californie et le Désert du Nouveau-Mexique.
En résulte une œuvre essentielle du compositeur, qui a rassemblé en elle toutes les influences protéiformes qui l'ont nourri depuis ses débuts : le piano, le jazz, les traditions musicales hébraïques, l'art des percussionnistes africains ou encore des musiciens balinais.

Livret

Steve Reich, à
propos de The Desert Music 

" J'ai commencé The Desert Music, à partir de fragments de poèmes du poète nord-américain William Carlos Williams, en septembre 1982. L'œuvre a été completée à partir de décembre 1983 et achevée en février de l'année suivante. La partition requiert un orchestre de 89 musiciens et un chœur de 27 voix. Sa durée est d'environ 50 minutes.

Le titre de l'œuvre est tiré du recueil de poèmes éponyme du Dr Williams. J'ai sélectionné certain nombre de vers de la partie de son ouvrage intitulée Theocritus : Idyl I A version from the Greek, un bref passage du volet intitulé Asphodel, That Greeny Flower. Aucun des poèmes n'est intégralement repris dans The Desert Music ; j'ai agencé à ma guise ces vers. C'est d'ailleurs par là que mon travail de compostion a commencé, en mettant en place un long mouvement en arche, A-B-C-B-A qui épouse scrupuleusement le texte.

Les 1^er et 5^ème mouvements sont rapides et utilisent le même cycle harmonique. Les 2^nd et 4^ème suivent un tempo modéré et accompagne les mêmes vers : Well shall we / think or listen ?. Ils suivent également un cycle harmonique commun, différent cependant des 1^er et 5^ème mouvements.
Le mouvement qui se trouve au cœur de l'œuvre est le plus long et est formé lui-même d'une structure en arche A-B-A (les sections A sont lentes et la B se rapprochant du tempo modéré des 2^nd et 4^ème mouvements). Ce 3^ème mouvement a son propre cycle harmonique.
Il n'y a aucune pause entre chaque mouvement et la pièce est interprétée attacca du début jusqu'à son terme.

Trois cycles d'harmonies épousant la structure du texte ont été composés afin de servir de base à l'écriture de chacun des mouvements. J'ai choisi de présenter ces cycles comme une série d'accords semblables, de par leur rythme, aux pulsations (pulses) de Music for 18 Musicians mais plus chromatiques et sombres en harmonie avec le texte de The Desert Music.

Dans cette partition, Je tenais à utiliser tous les instruments de l'orchestre et d'employer les motifs répétitifs et imbriqués les uns dans les autres de mes pièces antérieures. Les cordes interprètent ces entrelacs poly-rythmiques avant que le chœur entre en scène en chantant Begin, my friend. Pour rendre plus aisé l'interprétation des chants composés de trois parties en canon, les cordes sont réparties également en trois groupes identiques. Chacun de ces groupes est de même doublé par un synthétiseur qui dessine le profil rythmique dominant. Le chœur, tout le long de l'œuvre, est guidé également par des bois ou des cuivres en sourdine. Ceci est, bien sûr, une vieille technique de composition mais elle permet par ailleurs de mettre en œuvre ce mélange voix/instruments sur lequel je travaille depuis Drumming, en 1971. Pour accentuer ce matériau voix/instruments, le chœur et les bois sont amplifiés et mixés.
La percussion est omniprésente, généralement par l'intermédiaire de paires d'instruments à percussion auxquels s'ajoutent deux pianos pour alimenter la pulsation en cours. De temps à temps, on peut entendre des maracas, des morceaux de bois, des tambours, des timbales et des tam-tam. "

Discographie