Music for 18 musicians

 Steve Reich, à propos de Music for 18 musicians
 Discographie




Steve Reich, à
propos de Music for Eighteen Musicians 

 

Music for Eighteen Musicians dure environ 55 minutes.
Les premières esquisses datent de mai 1974 : l'œuvre fut achevée en mars 1976.
interprétation de l'œuvre en 1976 Si sa pulsation stable et son énergie rythmique l'apparentent à nombre de mes premières œuvres, son intrumentation, son harmonie et sa structure sont nouvelles.
Son instrumentation est nouvelle par le nombre et par la distribution des effectifs : violon, violoncelle, deux clarinettes jouant aussi la clarinette basse, quatre voix de femme, quatre pianos, trois marimbas, deux xylophones et un métallophone (vibraphone sans moteur).
Tous les instruments sont acoustiques : l'usage de l'électronique est limité aux microphones pour la voix ainsi que pour certains instruments.

Il y a plus de mouvement harmonique dans les cinq premières minutes de Music for Eighteen Musicians que dans toutes mes autres œuvres achevées jusqu'à ce jour (1976).
D'un point de vue rythmique, il y a dans Music for Eighteen Musicians deux sortes de temps fondamentalement différents qui apparaissent de manière simultanée. Le premier est cette pulsation rythmique régulière des pianos et des percussions qui traverse la pièce. Le second est le rythme de la respiration humaine, aux voix et aux instruments à vent. L'ouverture et la section conclusive, ainsi que tels passages des autres sections intermédiaires, contiennent des pulsations sur certaines notes qui doivent être tenues aussi longtemps que le confort de la respiration le permet. La respiration est la mesure de la durée de leur pulsation. Des respirations qui se succèdent comme des vagues venant se briser contre le rythme immuable des pianos et des instruments.

La structure de Music for Eighteen Musicians est fondée sur un cycle de onze accords, joués au tout début de la pièce et repris à la fin. Tous les instruments et toutes les voix jouent ou chantent des notes pulsées au sein de chaque accord. Des instruments comme les cordes, qui n'ont pas à respirer, suivent néanmoins les systoles et diastoles de la respiration, en se fondant sur le souffle de la clarinette basse. Chaque accord est tenu pour une durée de deux respirations, puis l'accord suivant est introduit graduellement. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que les onze accords soient joués, l'ensemble revenant au premier accord.
C'est alors qu'une petite section se construit sur le premier accord pulsé, tenu par deux pianos et deux marimbas pendant environ cinq minutes. Après quoi un brusque changement amène le second accord, qui lui-même donne lieu à une seconde petite section. Si bien que chaque accord, joué pendant quinze ou vingt secondes dans l'ouverture, est ensuite distendu de manière à constituer la mélodie pulsée sur laquelle se fonde une section de cinq minutes. De même, dans un organum de Pérotin, au IIe siècle, telle note du cantus firmus pouvait être étirée ur plusieurs minutes, de manière à former le centre harmonique de l'une des sections de l'œuvre. Le cycle initial des onze accords de Music for Eighteen Musicians est une sorte de cantus firmus pulsé pour toute la pièce.
Sur chaque accord pulsé, c'est donc une section qui se construit (voire deux pour le troisième accord). Ces sections ont soit la forme d'une arche (ABCDCBA), soit la forme d'un processus musical qui se déploie du début à la fin (des battues se substituant à des silences). Des éléments qui apparaissent dans l'une des sections pourront réapparaître dans une autre, mais entourés par une harmonie et une instrumentation différentes. Par exemple, la pulsation des pianos et marimbas dans les sections 1 et 2 passe aux marimbas et xylophones dans la section 3A, puis aux xylophones dans la section 6, où elle soutient une mélodie différente jouée par des instruments différents. Le processus consistant à construire un canon (c'est-à-dire une relation de phase) entre deux xylophones et deux pianos, apparaît d'abord dans la section 2, ressurgit ensuite dans la section 9, mais pour y culminer sur un autre motif et dans un contexte harmonique différent. Les relations entre les sections doivent donc être comprises en termes de ressemblances entre les membres d'une famille. Certaines caractéristiques seront partagées, d'autres seront uniques.
L'un des premiers vecteurs de changement ou de développement dans nombre de sections de cette œuvre réside dans la relation rythmique existant entre l'harmonie et la mélodie. Ainsi, un motif mélodique peut-être répété sans interruption ; mais en glissant sous cette mélodie une cadence de deux ou quatre accords, et en faisant passer le début de cette cadence de tel temps à tel autre de la mélodie, on aura à l'écoute le sentiment d'un changement d'accent dans la mélodie. Ce jeu avec un rythme harmonique changeant par rapport à un motif mélodique constant est l'une des techniques de base de cette œuvre.

Les changements d'une section à l'autre, ou au sein d'une même section, sont signalés par le métallophone ; ses motifs, il ne les joue qu'une fois, afin de déclencher le mouvement vers le mesure suivante. Comme lorsque, dans le gamelan balinais ou dans la musique de l'Afrique occidentale, le premier percusssionniste indique des changements de motifs. Les signes audibles deviennent partie intégrante de la musique ".

1976


" Lorsque j'ai composé Music for 18 Musicians, entre le milieu de 1974 et le début de 1976, je l'ai écrit dans une sorte de notation musicale abrégée directement dans mon carnet de musique. Étant donné que, à l'époque, je répétais avec mon ensemble plusieurs fois par mois, j'ai rédigé par la suite les parties destinées à chaque intrumentiste - aussi dans une sorte de notation abrégée. Cela a eu pour résultat que, au moment de la création mondiale à New York, en avril 1976, il n'existait pas de partition complète du morceau et les parties des différents musiciens étaient si caractéristiques que seuls les membres de mon ensemble pouvaient les comprendre. En conséquence, à quelques exceptions près (et elles ont été peu communes), personne n'a interprété Music for 18 Musicians, à part mon propre ensemble, entre 1976 et 1996.

Finalement, mon éditeur, Boosey & Hawkes, a engagé un jeune étudiant de troisième cycle de Cornell University, Marc Mellits, qui écrivait une thèse sur Music for 18 Musicians, pour rédiger une partition complète et les différentes parties instrumentales, au moyen d'un ordinateur comprenant un excellent logiciel de notation musicale. Il a terminé son travail juste à temps pour que l'Ensemble Modern soit le premier ensemble, en dehors du mien, à interpréter et enregistrer le morceau. Ce qu'il a fait à la perfection.

J'ai la chance de travailler avec l'Ensemble Modern depuis 1995, année où il a créé mon morceau intitulé City Life et où j'ai pris place, en invité, au milieu de ses percussionnistes, pour interpréter Drumming-Part One. Plus tard, en 1997, là encore en invité, j'ai interprété Music for 18 Musicians avec cet ensemble, mais je n'ai pas pu participer à l'enregistrement à cause de problèmes de contrats.

Je prends beaucoup de plaisir à collaborer avec les membres de l'Ensemble Modern et à être en leur compagnie. Ils représentent un nouveau genre de musiciens : des instrumentistes qui ont acquis une superbe formation dans un conservatoire et qui connaissent aussi la musique non-occidentale, le jazz, le rock and roll, la techno, et savent se servir de toutes sortes de matériel électronique. Les membres de l'Ensemble Modern ont aussi parmi eux, en permanence, un excellent ingénieur du son. Ils jouent et enregistrent de la musique dans des styles qui vont de celui de Schoenberg au mien, et ce d'une manière caractéristique parfaitement adaptée à chacun de ces styles. L'Ensemble Modern, et d'autres ensembles comme lui, représentent l'orchestre de la fin du vingtième et du début du vingt et unième siècle.

mai 1998





Discographie


Versions intégrales :
Ensemble Modern placé sous la direction de Bradley Lubman 1998 BMG
The Steve Reich and Musicians 1998 Nonesuch
Coffret de 10 CD. Disque n°4
par The Steve Reich and Musicians
1997 Elektra Nonesuch
7559-79451-2
Nurit Tilles, Steve Chambers, Larry Karush, Bob Becker, Russel Hartenberger, Glen Velez, James Preiss, Steve Reich... 1978 ECM
78118-21129-2
Extraits :
Exclusive Selection
Compilation japonaise du style " best of "
Pulse-Section I-Section II

Sur le même disque :
- Clapping Music
- Extrait de Electric Counterpoint
- Extrait de Different Trains (America-Before the war)
- Extrait de Drumming (Part IV)
- Extrait de Sextet (5th Movement)
- Nagoya Marimbas
- Extrait de New York Counterpoint (Part I)
- Extrait de City Life (" Check it out ")
- Extrait de The Desert Music (First Movement (Fast))
- Extrait de The Cave (Genesis XXI)
mars 1999 Warner Music Japan
1999 WEA/Atlantic/Rhino
75607
Opening thru section II (12'02)
par Steve Reich and Musicians
1996 New Arts Program
Compilation italienne.
1977 New Tone Records
(Nt 6707-2)